Claude Grange et Régis Debray publient Le dernier souffle

« À la suite de petits incidents de santé, je suis allé un jour visiter le service de Claude Grange, à Houdan, un peu par prévoyance. Une vieille habitude d’aller visiter les endroits où l’on est destiné à se rendre », assène, à 82 ans, le philosophe Régis Debray avec son humour habituel. Le médecin, le philosophe et la médecine sont réunis dans le nouvel ouvrage du Dr Claude Grange, Le dernier souffle, préfacé et postfacé par le philosophe.

« Le droit de mourir paisiblement en supprimant la douleur physique et la souffrance morale, en étant écouté et accompagné, redonner au malade sa voix au chapitre et lui permettre d’exprimer ses choix » : c’est le crédo du docteur Grange. Il a créé l’unité de soins palliatifs de l’hôpital de Houdan dont il a été le chef de service pendant plus de 20 ans, l’unité anti-douleur de l’hôpital de Dreux, et formé l’équipe de soins palliatifs de Dreux. Après avoir obtenu son doctorat de médecine, fait son service militaire à la Réunion, Claude Grange renonce à se spécialiser en anesthésie-réanimation pour devenir médecin généraliste, près de Houdan. « Confronté à la mort de mes patients, je ne savais ni quoi et comment dire, ni quoi et comment faire, explique-t-il. C’est au lit du malade que je me suis formé aux soins palliatifs depuis 30 ans et cela ne s’est pas fait d’un coup ».

On dit que 9 français sur 10 sont pour l’aide active à mourir, que ce soit l’euthanasie ou le suicide assisté. « Ce sont des réponses de bien-portants. Je comprends ceux qui veulent cela car je pense que la médecine a failli. La médecine a fait tellement de progrès qu’on a pensé pouvoir guérir toutes les maladies. Quand on ne peut pas guérir, les médecins vivent cela comme un échec. Beaucoup de personnes meurent dans des conditions inacceptables ! Ce n’est pas la mort qui pose un problème. Ce sont les conditions de mourir. Si on ne peut pas guérir, au moins que cela se passe paisiblement sans souffrance ». La médecine palliative a eu du mal à se mettre en place et elle a rencontré beaucoup de réticences. « Nous n’avons que 1880 lits répartis sur les 164 unités de soins palliatifs en France. Comment faire face à une demande d’environ 200.000 malades atteints de maladies incurables. Si la société décide de légiférer l’aide active à mourir, que ce soit au sein d’associations encadrées mais pas au sein de l’hôpital public. C’est un lieu destiné aux soins », conclut Claude Grange qui est actuellement médecin au FAM de la Fondation Mallet de Richebourg.