Ce sont de grandes « maisons » parisiennes et provinciales : les Rothschild, les Mirabaud de Genève ou les Perier de Grenoble. Ces marchands-banquiers participent au commerce mondial, au développement des finances européennes, à l’aménagement des villes et à la construction des chemins de fer.
À côté de ces grands financiers, il existe dans la majorité des villes des banquiers locaux, appelés « escompteurs », des professionnels qui avancent de l’argent en échange d’un intérêt. On en compte plus de 2 000 dans les années 1875-1885. De nouveaux établissements bancaires rivalisent d’initiatives commerciales pour obtenir de l’épargne. Ce sont le Crédit Lyonnais (1863), la Société Générale (1864) ou le Crédit Industriel et Commercial (1859). Ces nouvelles banques ont créé un réseau d’agences, employé des démarcheurs pour s’assurer de nouveaux clients et utilisé la publicité pour se faire connaître de tous. Pas à pas, le secteur bancaire français se construit. À la veille de la Première Guerre mondiale, la France dispose désormais d’un réseau bancaire diversifié comprenant des banques d’affaires (qui gèrent les grandes opérations commerciales) et des banques régionales et locales (banques de dépôts) qui assurent la gestion quotidienne des comptes des entreprises et des personnes. Une banque spécialement réservée aux agriculteurs a été créée en 1894 grâce à l’État : les caisses de Crédit Agricole.
Dreux ne fut pas en reste de ces transformations bancaires :
1-Les banques régionales drouaises.
La banque « Damars » : Dès 1843, Théodore Damars créa un établissement bancaire à Dreux.
Damars avait épousé une nièce de Jacques Apollinaire Gromard, entrepreneur de diligences et éphémère maire de Dreux en 1869. Curieusement, à Dreux, les rues Damars et Gromard se suivent en coupant le Boulevard Dubois. À la mort de Théodore Damars, en 1898, l’établissement bancaire fut repris par Emile Frents et Philippe Brosset.
La banque « Frents Brosset et Cie » située au 14 rue Rotrou connut un développement rapide et une prospérité grandissante. Elle eut environ soixante-dix bureaux et correspondants dans toute l’Eure-et-Loir et les départements limitrophes. Frents et Brosset, malgré une belle assise départementale, fut probablement victime de la crise de 1929. Le 1er juin 1932, la banque fut déclarée en cessation de paiement par le tribunal de commerce de Dreux. Plusieurs années plus tard, s’installa à la même adresse de la rue Rotrou une agence de la BRO (groupe CIC).
2-Les banques à réseau national :
Le Crédit Lyonnais s’installa place Rotrou à l’emplacement de l’ancien théâtre.
La Société Générale avait sa succursale drouaise place du palais de justice, avant d’être transférée, après la Première Guerre mondiale, à son adresse actuelle Grande Rue.
3-Les banques à régimes spéciaux :
En 1900, le Crédit Agricole n’est pas encore considéré comme une banque mais comme une société d’entraide. La Caisse d’Épargne, dont le président est le maire de Dreux, fonctionne comme un organisme municipal. La Banque de France, organisme d’État contrôlant l’émission de monnaie et recevant la chambre de compensation, permet aux banques drouaises d’échanger leurs chèques et documents commerciaux. Les locaux rue Parisis qu’elle occupait avant 1900, étaient ceux de l’ancien Hôtel Thieulin puis ces locaux ont été reconstruits vers 1910. Après le départ de la banque de France de Dreux, les locaux sont devenus des appartements.