LOUIS FRESSONNET. Né à Dreux le 25 février 1876, menuisier-ébéniste à Dreux. Marié, depuis le 14 septembre 1901, à Aimée Morcel, couturière et couronnée Rosière de Dreux en mai 1901. Il fut le père d’un garçon (mon papa), Maurice, né le 9 février 1907. En février 1916, il se trouve dans le secteur de Verdun avec le 29° RI Territorial. Et c’est là qu’il disparait, le 25 février 1916, le jour de son 40e anniversaire, au début de la bataille de Verdun. Son corps n’a jamais été retrouvé. Des objets qu’il portait au moment de sa mort ont été restitués à sa famille, notamment ses plaques d’identification (Mme Fressonnet a reçu ces objets de la Croix Rouge avant l’annonce officielle de la mort de son mari). Le 101e Régiment d’Infanterie, caserné à Dreux, duquel dépendait le 29e RIT, déclare « décès constaté le 19 mars 1916 sur champ de bataille à Bois d’Haudremont (Meuse) ». Le 8 décembre 1920, la Croix de Guerre avec étoile de Bronze lui est décernée, à titre posthume.
Récit de la mort de Louis Fressonnet par un soldat de la 8e compagnie (celle de L. Fressonnet) qui a recueilli des témoignages, dans une lettre adressée à Mme Fressonnet le 26 avril 1916. « C’était le 26 février, vers 9h du matin, la Compagnie se trouvait en avant de la redoute de Douaumont, à 200m environ. Dans un petit bois de bouleau, elle se repliait et était massée pour se dérober à la vue de l’artillerie ennemie qui bombardait avec fureur la position. Un obus est tombé au milieu de l’escouade de votre pauvre mari et 5 à 6 hommes ont été tués sur le coup mais les témoins que je viens d’entendre m’ont affirmé que ce brave Fressonnet était bien dans le nombre des victimes ; il n’y aurait pas même d’espoir à conserver qu’il aurait été seulement blessé car le caporal Leroy (son caporal) a été très grièvement blessé, les autres avaient cessé de vivre ». Un autre témoignage dira que les 5 corps ont été mis dans une bâche et laissés sur place. Après 6 mois de bataille de Verdun, la colline au petit bois de bouleau avait été réduite de plus de 10 mètres. Le 27 avril 1916, Mme Fressonnet écrit au 101e RI : « Il m’a été dit que je n’avais plus aucun espoir à conserver sur la disparition de mon mari L. Fressonnet, de la 8e compagnie du 29e Territorial, qu’il avait été tué le 26 février de l’éclatement d’un obus, ainsi que 4 de ses camarades ». L’avis de décès est adressé par le 101e RI au maire de Dreux, le 28 juin, avec demande de prévenir la famille. L’armée avait alors de gros problèmes de calendrier.
ARTHUR SALMON. Mon grand-père maternel, Arthur Salmon, né en 1880 à Issoudun (Indre), fit son service militaire à Lunéville (2 ans). En 1903, il « accourut » à Dreux, employé comme maçon-paveur par l’entreprise drouaise Rouzaud. En 1905, il se maria avec Armance Vorimore d’Ouerre. Il eut deux filles, dont ma maman, en 1906. En 1914, à l’entrée en guerre, il est incorporé dans le régiment de son affectation, soit le 90°régiment d’Infanterie de Châteauroux, et non le 101° régiment de Dreux. Il a déjà trente-quatre ans et le grade d’adjudant. Il participa avec son régiment à la bataille de la Marne, en septembre 1914. Puis, à la bataille dite de « Champagne ». Il fut blessé à Prosne le 26 septembre 1914, à 10 km à l'Est de Reims. Arthur Salmon finira la guerre en ayant été blessé quatre fois et recevant quatre citations pour son courage. Il mourut en 1938, en écoutant avec inquiétude les discours d’Hitler à la TSF. « Cela va recommencer ! » disait-il.
Après cette dernière chronique de l’an de grâce 2024, chers lecteurs et lectrices, je vous souhaite une bonne fin d’année.