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Dreux (28100)

Histoire de ballons

Dans la série des chroniques de l’année 2020, consacrées à la guerre franco-prussienne de 1870-71, je mentionnais l’atterrissage à Dreux le 30 septembre 1870, d’un ballon nommé « Céleste ». Ce ballon non dirigeable, venant de s’échapper de Paris assiégée par l’armée prussienne, était monté par l’aéronaute Gaston Tissandier.

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Par Marine BORGET - Le 15 mars 2023

Il y a peu, je me promenais dans le cimetière du Père Lachaise à Paris quand, par hasard, je découvris une pierre tombale étrange. Dans l’attitude de la mort, deux personnages en bronze allongés sur un socle en pierre. Une inscription : Ballon « le Zénith » Joseph Crocé-Spinelli et Théodore Sivel, morts à 8600 mètres de hauteur. 

Dès mon retour du cimetière, je me suis renseigné. Il s’agit bien d’une tombe et non d’un cénotaphe. Les deux corps se trouvent bien sous le monument.

De ce drame, en voici les faits :

Trois aéronautes, Théodore Sivel, Joseph Crocé-Spinelli et Gaston Tissandier (il s’agit bien de l’aéronaute qui descendit à Dreux en septembre 1870) avaient pris place à bord d'un ballon dénommé « le Zénith », à l'usine à gaz de la Villette, le 15 avril 1875. 

Après le gonflage du ballon, ses trois occupants s’envolèrent à 11h35, dans l'espoir de battre le record de montée en altitude (7 400 m à l'époque) et d'effectuer des observations.

Malgré les malaises ressentis dès les 8 000 m d'altitude, les trois aéronautes décidèrent cependant de poursuivre leur ascension (les enregistreurs montrèrent que le vol avait atteint 8 600 m). Ils perdirent tous connaissance en raison du manque d'oxygène. Seul, Gaston Tissandier réussit à retrouver ses esprits afin de freiner la chute et le ballon réussit à se poser brutalement à 16h en s'éventrant contre un arbre sur le territoire de Ciron (Indre) près du Blanc, à 250 km de Paris.

Seul Gaston Tissandier survécut, en ayant perdu l'ouïe. Cette tragédie aurait difficilement pu être évitée car les troubles liés à une altitude supérieure à 8 000 m leur étaient inconnus. Aussi, la lettre de Paul Bert les avertissant de la nécessité d'emporter des réserves d'oxygène plus importantes ne leur parvint pas à temps. En effet, leurs réserves furent constituées de seulement trois petits ballons de caoutchouc contenant 70 % d'oxygène, d’une capacité d’à peine une heure. La trop grande rapidité d'ascension du Zénith fut pour beaucoup dans la catastrophe. Théodore Sivel serait à l'origine de la brusque et mortelle remontée du ballon. Celui-ci avait la charge de contrôler sur le baromètre l'altitude du ballon. Il aurait été victime de sa myopie et aurait cru lire que l'aérostat allait toucher terre. Il aurait alors lancé par-dessus bord tout ce qui s'était trouvé à sa portée.

L’annonce de cette catastrophe connut un certain retentissement en France et à l’étranger et plus de vingt mille personnes suivirent les funérailles de Théodore Sivel et de Joseph Crocé-Spinelli au cimetière du Père Lachaise.

Une souscription publique fut ouverte par la Société française de navigation aérienne afin de venir en aide aux familles des victimes et d’élever à l'endroit de l'atterrissage du ballon, un monument commémoratif.

Les salles de spectacle françaises, dénommées « Zénith », doivent leur nom à ce ballon. En 1981, Jack Lang, alors ministre de la Culture, décida de concevoir une salle de grande capacité adaptée au rock et aux musiques populaires. La première salle construite est située au Parc de la Villette, à l'emplacement du site d'envol du ballon « Le Zénith ».

PIERLOUIM. À bientôt si Dreux le veut bien !

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