Nous avons vu dans les précédentes chroniques les bâtiments et les objets drouais classés au titre des monuments historiques. Mais il existe des bâtiments à Dreux qui, par leur histoire et leur caractère exceptionnel, auraient des qualités pour être classés monuments historiques. Leur aspect d’abandon ou non entretenu ou au contraire leur rénovation trop moderne ou trop éloignée de leur origine ne permettent pas de les classer. Les commissions d’attribution exigent certains critères souvent contraignants.
Essayons de lister sur deux chroniques ces monuments caractéristiques du paysage drouais (sans caractère exhaustif).
L’Hôtel dit de « Montulé » : son nom viendrait de son deuxième propriétaire Henry de Grillet (1632-1706), seigneur de Montulé et de Brissac. Le nom de son architecte n’est pas connu mais l’époque de sa construction, vers 1600, son style fait de brique et de parements en pierre sont des éléments très proches du style des architectes drouais Métézeau. Métézeau soit ! mais lequel ? La dynastie des Métezeau a, sur quatre générations (de 1530 à 1630), fournit une dizaine d’architectes dont deux, à la troisième génération, furent architectes de roi, Henry IV pour Louis et Louis VIII pour Clément II. Il est fort probable que ce bâtiment soit l’œuvre d’un Métezeau resté à exercer son art dans la région drouaise. On pense à Jean 1er, né et mort à Dreux (1528 - 1600).
Pendant la période révolutionnaire, ce bâtiment servit de lieu de détention pour les Drouais réfractaires. Étant plus une prison qu’une pension de privilégiés comme la célèbre pension « Bonhomme » à Paris, les résidents avaient pourtant une vie pas trop difficile selon les louis d’or qu’ils versaient au concierge. Un étage était réservé aux hommes, l’autre aux femmes. À ma connaissance, aucun de ces détenus n’a perdu la tête sous la guillotine. D’ailleurs, peu était de condition nobiliaire.
Après avoir appartenu à plusieurs propriétaires, cet hôtel fut transformé en un foyer catholique pour jeunes travailleurs « le foyer Saint-Jean », fondé en 1944 par l’Abbé Bridet, et transféré de 1957 à 1997 dans cet hôtel Montulé, par l’Abbé Gadeau.
La ville racheta l’hôtel pour en faire une maison des arts. Dans le bâtiment, trois salles sont occupées par l’association « Terre d'Artistes » qui, chaque semaine, donne des cours de poterie, sculpture, dessin, peinture, gravure, mosaïques, vitrail, etc...
Cet hôtel exceptionnel, par son architecture et son histoire, pourrait être considéré comme « monument historique ». Peut-être que les transformations successives et l’aspect peu entretenu des façades ont dissuadé de l’attribution du précieux label.
Les maisons de la rue Illiers par leurs caractéristiques de maisons à pan de bois du quinzième siècle mériteraient le label « monuments historiques ». Mais leurs transformations en magasins de vêtements ont peut-être dissuadé de l’attribution aux monuments historiques. Et pourtant des restaurations seraient nécessaires, notamment concernant les poutres extérieures en bois, très abîmées.
Par ailleurs, il faut noter qu’à la fin du dix-neuvième siècle, les bourgeois drouais pour montrer leur aisance ont fait badigeonner de crépi une bonne partie des maisons anciennes à pan de bois notamment de la Grande rue et de la rue Saint-Pierre. Mais enlever ce crépi pourrait être dommageable aux armatures de bois en les faisant ainsi pourrir à l’air libre.