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« La quête vaut mieux que la prise », la chasse ouvre le 28 septembre

Qu’elle divise ou qu’elle rassemble, la chasse ne laisse pas indifférent. Pour Nicolas Gavard, directeur de la Fédération de Chasse du 27 c’est un art de vie.

© Fédération de chasse du 27
Par Manon BROUSSEAU - Le 23 septembre 2025

L’Eure est le département le plus boisé de Normandie avec 130 000 hectares de forêts dont 120 000 sont privées. La Fédération de chasse du 27 réunit 15 000 chasseurs de toutes générations. « Les niveaux de populations des animaux sont parmi les plus importants de France » assure Nicolas Gavard-Gongallud, directeur de la Fédération de Chasse du 27.

La chasse n’est pas qu’une activité, ouverte pendant 6 mois. C’est avant tout un travail de fond, une gestion en amont pour quantifier, étudier et comprendre les animaux. 13 agents, des professionnels de la chasse qui ont fait des études de gestion de la faune sauvage, œuvrent quotidiennement au sein de la fédération pour mettre en valeur le patrimoine cynégétique départemental, à protéger la faune et ses habitats et à développer et promouvoir la chasse. 
La fédération fait également passer les permis de chasse. « Nous en faisons passer environ 400 par an avec un taux de réussite de 60 à 70 %. Ce n’est pas un examen facile, au contraire » explique le directeur. Après une journée théorique, une 1/2 journée de pratique au stand de tir est prévue dans la formation avant de passer l’examen final. Une erreur sur arme est éliminatoire. « Cette idée reçue qui dit que nous délivrons les permis sans difficulté et à tout va est fausse. C’est très codifié et suivi » ajoute Nicolas Gavard-Gongallud. Le permis de chasse est accessible à partir de 16 ans et sur présentation d’un certificat médical.

Dès le mois de décembre, les comptages commencent et s’étalent jusqu’en août en fonction des espèces. « Ce sont 3 600 km de circuits qui sont passés au peigne fin la nuit par les agents fédéraux. Cela nous permet d’avoir un état des lieux des populations animales ». 1 700 cerfs, 8 à 9 000 chevreuils, 15 000 lièvres sont attribués sur les terres euroises. « Au terme des comptages, on attribue les animaux aux chasseurs pour la saison ». Cette gestion contribue également aux recherches scientifiques : « nous avons équipé de balises GPS des animaux, cela fournit des données scientifiques et techniques et nous permet de mieux les comprendre. On sait très peu de choses sur le grand cerf élaphe, ces balises lèvent le voile sur certaines de nos interrogations ». 
La fédération gère également les milieux naturels du territoire. Depuis 1998, elle supervise deux réserves du Marais Vernier, l’une des tourbières les plus vastes du pays. La Grand’Mare constitue un reposoir important pour les oiseaux d’eau en migration comme en hivernage. « Nous avons ouvert la Grand’Mare au public à l’occasion de la Pentecôte et plus de 400 personnes ont fait le déplacement pour la découvrir depuis le nouveau belvédère d’observation qui est en libre accès. Ils sont bluffés par le travail que nous accomplissons ». La fédération a planté plus de 81 kilomètres de haies.

Décriée et pointée du doigt sur les réseaux sociaux, Nicolas Gavard-Gongallud souhaite donner une autre image de la chasse. « On ne tue pas pour tuer, nous ne sommes pas là pour tirer sur tout ce qui bouge. Beaucoup de chasseurs souffrent de la mauvaise image qui se fait d’eux, comme si nous étions des tueurs d’animaux sans foi, ni loi ». Le directeur pense que nous devons rationaliser notre rapport à l’animal. La mort d’un animal a été sacralisée dans nos sociétés modernes mais croire que la nature s’autoéquilibre est un leurre. « Depuis tous temps nous chassons, c’est une passion millénaire, un droit révolutionnaire. Le plaisir est dans la quête plus que dans la prise. Chaque année, quand je sors mon matériel, ma chienne comprend que la saison approche. Le dimanche matin, à 6h30 elle gratte à la porte de ma chambre, impatiente d’y aller. L’odeur de la rosée, la brume au-dessus du champ, le lever du soleil, seul face à la nature, ce sont des moments de bonheur et de beauté. Cela fait partie du plaisir de la chasse. Quand nous avons une prise, nous respectons l’animal, il y un cérémonial et c’est un honneur de manger l’animal que nous avons prélevé. Les chasseurs aiment les animaux, dire le contraire est faux » ajoute Nicolas Gavard-Gongallud. La pratique de la chasse est encadrée, la sécurité est de mise : « la chasse n’est pas un loisir dangereux, le tir en direction des habitations, des chemins et des routes est interdit. On peut se promener sur les chemins publics en toute sécurité. Si quelqu’un est témoin d’un comportement dangereux de la part d’un chasseur, il ne faut pas hésiter à nous prévenir, nos agents fédéraux sont assermentés et peuvent relever les infractions à la sécurité ». Des formations sécurité ont été créées et sont prises d’assaut par les chasseurs. « Les chasseurs sont le reflet de notre société. Nous avons 95 % de bonnes personnes pour 5 % de mauvaises, il ne faut donc pas faire de généralités ».

La chasse ouvre le 28 septembre, Nicolas Gavard-Gongallud y retrouvera ses amis passionnés, prêts à arpenter champs et forêts avec leurs chiens. Au fusil, à l’arc, au déterrage ou à l’appeau, la chasse est une passion, un art de vivre, une vision du monde. Si elle ne plait pas à tout le monde, selon ses convictions, ses principes, comme toute opinion, elle doit être respectée. Et comme tout sujet, s’y intéresser permet de poser un œil nouveau dessus.

© Fédération de chasse du 27
© Fédération de chasse du 27
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