Si beaucoup de rues drouaises ont leur propre histoire, certaines rues, de par leur nom, commémorent des faits vécus par des Drouais.
Le 15 avril 1916, en pleine Guerre 14/18, puis après l’armistice, en 1919, le Conseil Municipal de Dreux débaptisa plusieurs rues anciennes pour leur donner leur nom actuel afin de commémorer le courage et les souffrances des soldats dont les régiments étaient basés à Dreux, caserne de Billy : les 101e et 301e régiments d’infanterie et le 29e Régiment Territorial (soldats âgés en principe, non combattants).
Rue d’Ethe Virton (en partie ancienne rue des fontaines). Ethe et Virton, noms de deux petites localités des Ardennes belges autour desquelles se déroula une rude bataille, le 22 août 1914, soit 18 jours après la déclaration de guerre : une bataille de « rencontre » avant la bataille de la Marne et l’enlisement des tranchées. Les soldats français portaient encore les pantalons rouges garance visibles de très loin. Les uniformes « bleu horizon » avec le casque n’apparurent qu’au début de 1915. Des combats terribles durant lesquels le 101e RI, fauché par des tirs de mitrailleuses au travers d’un intense brouillard, perdit le tiers de ses effectifs. (Voir chronique précédente).
Rue du Bois Sabot (ancienne rue du Val-Gelé). Le Bois Sabot se trouve dans la Marne (actuellement dans le camp militaire de Suippes). En 1915, lors de la contre-offensive de Champagne, le Bois Sabot faisait partie de ces positions qu’il faut prendre et défendre coûte que coûte. Le 101°RI en paya le prix par de lourdes pertes du 26 au 28 février. Le Bois sabot ne sera pris à l’ennemi que le 10 mars, par d’autres régiments.
Rue des Éparges (rue de la gare, partie est). En temps de guerre, les régiments voient leurs effectifs plus que doubler par l’apport des réservistes. Un régiment « Bis » est donc créé. Avec le 101e R.I, ce fut le 301e R.I composé en majorité de réservistes drouais. Le 301e, après avoir subi de fortes pertes lors de la bataille de la Marne en 1914, fut en grande partie décimé les 24 et 25 avril 1915 aux Éparges, verrou important surplombant la plaine de la Woëvre et situé à 25 kilomètres de Verdun. Le régiment fut supprimé et les survivants remis dans d’autres unités.
Rue du Bois des Fosses (rue de la gare, partie ouest.) Verdun, 25 février 1916 : mon grand-père, du 29e régiment territorial de Dreux, non combattant, occupé à fortifier les tranchées devant le fort de Douaumont, a été tué lors des bombardements allemands ouvrant la bataille de Verdun, le jour de ses quarante ans. Les Allemands auraient débouché du Bois des Fosses et d’autres bois pour prendre le fort de Douaumont. Le 101°RI ne serait arrivé à Verdun qu’en mai. Cette rue honore la mémoire des territoriaux du 29e régiment, tués ce jour-là à Verdun aux Bois des Fosses et d’Hardaumont.
Rue d’Orfeuil (rue d’Orisson). En Champagne Pouilleuse, la ligne de front n'avait pratiquement plus bougé depuis septembre 1915. Du 4 au 10 octobre 1918, soit un mois avant l’armistice, de violents combats ont lieu pour faire sauter le « verrou » d’Orfeuil. Des combats fort différents de ceux d’Ethe et Virton en 1914, avec participation de chars d’assaut. Pour son courage, le 101° RI fut cité à l’ordre de l’armée le 29 novembre 1918. Une plaque, apposée rue d’Orfeuil sur le mur de l’ancienne gendarmerie, commémore l’événement.
Autres rues dont le nom est lié à la guerre 1914/18 : Place de Verdun ; Av Général Sarrail, Av Général Pershing, rue capitaine Belloin.