L'Ancienne Chapelle de l'Hôtel Dieu
Louis VI, roi de France, fit en 1132 une donation aux pauvres de Dreux en construisant l’Hôtel Dieu dans la Grande Rue, achevé par son fils, Robert 1er, comte de Dreux. Cet Hôtel Dieu fera office d’hôpital principal du centre-ville de Dreux pendant huit cents ans jusqu’en 1913, où un hôpital moderne fut construit rue Saint-Denis. Cet Hôtel Dieu subira de nombreuses vicissitudes : Guerre de cent ans, épidémies de peste, de choléra et incendies.
Insalubre et détruit par un incendie en 1550, après des travaux qui trainèrent en longueur faute d’argent et les troubles des guerres de religion, l’Hôtel Dieu fut enfin reconstruit, agrandi et terminé vers 1610. Une plaque, sur le mur Grande rue de l’ancienne chapelle, stipule que la comtesse Catherine de Médicis a offert les bois de charpente pour la reconstruction. Elle ne pouvait faire moins puisque les principaux revenus des comtes de Dreux venaient de l’exploitation de la forêt.
C’est cette partie restaurée au XVIIe siècle qui est inscrite au titre de monument historique, plus exactement la chapelle et le tour d’abandon. L'ancienne chapelle Saint-Jean, actuellement salle d'exposition, a été inscrite par arrêté du 2 février 1982 - Le portail dont un des piliers contient le tour d'abandon des enfants (cad. AD 435) a été inscrit par arrêté du 5 décembre 2008.
Il est à remarquer que le bâtiment qui reçoit actuellement l’Office de Tourisme de l’Agglo du Pays de Dreux n’est pas concerné par cette inscription. Il est dénommé « Pavillon Louis XIII ». Construit vers 1610 sous le règne d’Henri IV, il aurait pu recevoir le nom de ce roi, dit « à la poule au pot ». Mais le style « Henri IV » n’est pas reconnu en tant que tel et est confondu avec celui de son fils, le roi Louis XIII. La salle de réunion au-dessus de l’Office de Tourisme se dénomme « Salle Médicis » (Catherine ou Marie ?). Ce bâtiment, du temps de l’Hôtel Dieu, servait de réfectoire au rez-de-chaussée et à l’étage de dortoir des sœurs infirmières.
L’ancienne Chapelle Saint-Jean est constituée de briques et pierres de style renaissance : n’étant plus consacrée au culte depuis 1905, elle eut plusieurs destinations au fil du temps. Actuellement, cette chapelle typique est consacrée à diverses manifestations, en particulier des expositions artistiques.
L'édifice conserve un tour d'abandon pour enfants trouvés, installé en 1811. Il reçut 500 enfants abandonnés jusqu’à sa fermeture en 1837. Le tour occupe un pilier de briques du portail d'accès. Logé dans un évidement de la maçonnerie, le tour est constitué par un demi cylindre de bois garni d'une paillasse. Il est monté sur un pivot qui permet de le tourner vers deux guichets fermés par des volets de tôle et s'ouvrant, l'un sur la rue, l'autre sur la cour de l'établissement. Ce tour est le seul conservé dans le département parmi la demi-douzaine restant en France.
Une petite anecdote : en 1960, les bâtiments de l’ancien Hôtel Dieu recevaient le Collège Rotrou des filles. Le portail comportant le tour d’abandon avait été décalé à l’intérieur de l’Hôtel Dieu pour permettre l’entrée directe de la Grande Rue à la chapelle transformée en lieu d’exposition. Lors de la première exposition consacrée à l’aviculture, une banderole installée sur la grille d’entrée du collège de filles indiquait « Exposition de poules ». Les demoiselles passant sous ce calicot faisaient l’objet de l’hilarité générale et la directrice du collège exigea le déplacement de cette banderole.