Jules Savinien Bouvyer est né à Dreux le 30 septembre 1828. Il fit ses études classiques au collège Sainte-Barbe à Paris et devint Docteur en médecine en 1855. Après un séjour de quatre mois dans la Marne, où il soigna l’épidémie cholérique, il revint à Dreux en 1856.
Nommé chirurgien en chef de l’hôpital civil et militaire de Dreux et médecin de bien d’autres unités drouaises, le docteur Bouvyer fit preuve, à chacun de ces emplois, d’un zèle et d’un désintéressement qui lui attirèrent les sympathies respectueuses de la population.
Nommé membre du Conseil Municipal de Dreux, il remplit ponctuellement aussi le mandat qui lui était confié jusqu’au moment où éclata, en juillet 1870, la guerre franco-allemande.
Le docteur Bouvyer prit sous ses ordres le service des ambulances qu’il dirigea avec un rare sang-froid. Lors de la période révolutionnaire de la commune de Paris en mai 1871, il se rendit au Palais des Tuileries avec la compagnie de sapeurs-pompiers de Dreux afin d’aider à éteindre les incendies allumés par les « communards ». Avec l’apport de trois pompes, les dix-huit valeureux soldats du feu drouais contribuèrent à éteindre ces nombreux foyers d’incendie. Le docteur Bouvyer y déploya une énergie et un patriotisme au-dessus de tout éloge. Le ministre de l’Intérieur lui adressa, au nom du Président de la République (Adolphe Thiers), une lettre de félicitations avec citation au Journal Officiel.
En 1872, le docteur Bouvyer quitta à regret sa chère ville natale de Dreux. Fatigué de tant de responsabilités et malade, il devint consultant aux eaux de Cauterets dans les Hautes-Pyrénées. Il s’adonna uniquement à la thérapeutique thermale. Durant vingt-quatre ans l’éminent praticien resta attaché à ce poste où il aida à la guérison de milliers de personnes souffrantes.
Le docteur Bouvyer avait hérité de son père un château au hameau de la Jaunière à Adainville près de Rambouillet. Détruit à la Révolution, il le fit reconstruire entièrement et, de Cauterets, vint régulièrement s’y reposer. Le docteur Bouvyer mourut dans son château le 24 mai 1906 et fut enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.
Le Vin Mariani. J’ai trouvé sur internet une carte publicitaire présentant ce brave docteur Bouvyer. En dessous de son portrait, le texte suivant : « Honneur au généreux et excellent Vin Mariani qui, tout en vous mettant de bonne humeur, fortifie si à propos la jeunesse et rajeunit si heureusement la vieillesse. Bien cordialement. Docteur Jules Bouvyer. 1er octobre 1901. ».
En 1863, un préparateur en pharmacie d’origine corse Angelo Mariani avait eu l’idée de faire macérer dans un bon bordeaux des feuilles de coca. Résultat, il obtint une décoction miraculeuse qui contenait au moins 7mg de cocaïne par litre. Donc, pas étonnant qu’il stimulait ! À l’époque, le corps médical recommandait à tous les sportifs de boire ce très efficace fortifiant, le vin Mariani. Ce « popular french tonic », comme le qualifieront les Américains qui en raffoleront, aurait inspiré le créateur du Coca-Cola.
Tout le monde en était friand : Jules Verne, Thomas Edison, le Prince de Galles, le Pape Léon XIII et Emile Zola qui écrira à son sujet : « Ce vin qui fait la vie, conserve la force à ceux qui la dépensent et la rend à ceux qui n’en ont plus ».
Avec cette première chronique de 2023, Pierlouim vous souhaite, chers lecteurs, sans avoir bu de vin Mariani, une agréable et sereine nouvelle année.