Petit retour en arrière : Au tunnel de St-Denis, à l’angle des rues de Rieuville et Kennedy, se trouvait au XIIème siècle une maison hospitalière et une chapelle dédiée à Saint-Denis. Cette maison, tenue par les frères hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem (proches des Templiers), recevait, hors de la ville, les pèlerins allant vers Chartres et Saint-Jacques-de-Compostelle et les voyageurs pour les héberger, les nourrir et les soigner.
Pour que les hospitaliers puissent avoir les moyens de mener à bien leur mission, le Comte Robert 1er de Dreux (Fils du roi Louis VI « Le Gros » et frère de Louis VII « Le Jeune ») leur octroya le droit de Foire en 1179. Cette foire, une des plus importante du royaume, se tenait au lieudit le champtier des Rochelles, entre la maison hospitalière de Saint-Denis et la maladrerie de Saint-Gilles, où étaient soignés les malades de la lèpre, qui se trouvait à l’angle des rues de Torçay et du général Marceau.
La foire revenait chaque année et durait trois jours avant la Saint-Denis (le 9 octobre). Une autre foire au même endroit se tenait au profit de la maladrerie au début de septembre.
Ces foires eurent lieu à cet endroit pendant près de 700 ans. Les bénéfices, au cours des siècles furent dévolus, après la démolition de la maison hospitalière pendant la guerre de cent ans, à d’autres œuvres charitables comme l’Hôtel Dieu de Dreux. La maladrerie de Saint-Gilles disparut à l’époque de Louis XIV, faute de malades de la lèpre. La foire Saint-Gilles, cependant, continua jusque dans les années 1950.
L’arrivée du chemin de fer en 1864, en installant gare et voies ferrées sur cette grande étendue dévolue aux foires annuelles, posa un dilemme aux élus locaux drouais. Il fallut chercher et trouver un vaste endroit pour continuer de recevoir la foire de la Saint-Denis.
Le choix se porta sur l’emplacement de terrains longés par le canal apportant l’eau de la Blaise dans les douves entourant Dreux. Ces terrains humides, garnis de nombreux jardins, furent asséchés et aplanis pour former une grande place nommée la « place Saint-Gilles ». Cette place, après la Première Guerre mondiale, prit le nom de « place Mésirard », nom du maire qui fit venir la ligne Paris-Granville à Dreux.
La foire de la Saint-Denis s’installa dans son nouvel emplacement, place Saint-Gilles, en 1860.
Jusqu’au début du XXème siècle, la Saint-Denis était avant tout une immense foire aux bestiaux et aux vieux vêtements, accompagnée de festivités de toutes sortes (bals avec différentes attractions, montreurs d’ours, cracheurs de feu, fête foraine…).
Jusque vers 1980, la fête, dont le point d’orgue était le lundi de la Saint-Denis, durait trois jours et ce jour-là, les écoliers n’avaient pas classe.
Les Saint-Denis modernes, réduites à deux jours, sont surtout l’occasion de braderies, marchés, vide-greniers, animations folkloriques et associatives, fête foraine.
Au fil des ans, la foire de la St-Denis a changé, malmenée par la concurrence de nombreuses manifestations commerciales : les périodes de soldes, la foire de Dreux, l’installation de « plein Sud » et des « Coralines » etc. Mais elle est toujours là, revenue en partie en centre-ville.
Une légende : beaucoup de couples se seraient rencontrés à la Saint-Denis, prélude à de nombreux mariages… Alors bonne chance à vous et vive la 843ème Saint-Denis !