C’est une situation tellement inimaginable pour un maire qui a commencé son mandat, il y a cinq ans, avec 30 élus dans sa majorité sur 39 membres au sein du conseil municipal. Mais mercredi 25 mars soir restera un moment historique pour l’actuel locataire de l’hôtel de ville de Dreux. 20 élus ont voté contre le budget 2025, 17 pour et un vote blanc.
La séance du conseil municipal avait débuté dans un climat tendu autour de délibérations concernant des autorisations de programmes et crédits de paiement. Il s’agit des délibérations concernant la voirie dans le cadre du Nouveau Programme de Rénovation Urbaine (18.876.447 €), l’église Saint-Pierre (3.224.310 €), le terrain synthétique des Bâtes (1.021.739 €), le pôle éducatif et culturel des Bâtes (30.707.625 €), Cours d’écoles durables (2.220.000 €), rénovation du pôle scolaire Paul-Bert (3.000.000 €), travaux de déviation de l’ancien sanatorium (1.050.000 €), travaux ponts rues Petitspas et Pastre (1.600.000 €), travaux de voirie rue Saint-Martin (300.000 €), des bornes escamotables (896.281 €), élaboration d’un plan de déplacement urbain (150.000 €) et la revitalisation du cœur de ville par la renaturation des abords de la Blaise, du square de la République, de la Place Paul Doumer et de la rue de Châteaudun (2.600.000 €). Après des débats âpres avec toutes les oppositions, la majorité a voté la totalité de ces délibérations à main levée.
Au moment de la présentation du budget primitif 2025, Sabine Fretey, du nouveau groupe d’opposition Humani-Cité, a pris la parole demandant « au nom de l’opposition de procéder au vote à bulletins secrets, comme le prévoit le code des collectivités, si le tiers des élus présents le demande. » Là, la situation s’est tendue encore davantage. Le macroniste Maxime David est revenu sur le déséquilibre des finances de la ville, depuis 2022-2023 : « vous avez dépensé plus 4,4 millions d’euros, en fonctionnement, quand les recettes n’ont augmenté que de 3 millions d’euros. Cela signifie qu’en 2025, vous allez encore affaiblir la capacité d’épargne de la ville. Vous augmentez les dépenses contre vos propres promesses et contre le bon sens. Et quand il s’agit des investissements, vous faites appel à un emprunt colossal de 16 millions d’euros ». Le socialiste Valentino Gambuto a critiqué la politique du bâti suivie par le maire sur des projets moins nécessaires pour les habitants : « le choix de la patinoire continue de plomber les finances de la ville et les prêts contractés à cet effet continueront de plomber les finances locales ». André Homps, Indépendants et Républicains, quant à lui, rappelle au maire de Dreux, le manque de planification rigoureuse dans son budget : « vous nous avez promis en 2023 que votre budget ne dépassera pas les 47 millions d’euros et vous voilà nous proposant un budget à plus de 54 millions d’euros ». Nelson Fonseca, ancien élu de la majorité chargé de la transition écologique, a enfoncé le clou : « actuellement, l’autofinancement des communes de notre strate a baissé de 10 % et chez nous il a baissé de 43 %. Notre capacité de désendettement a passé le seuil d’alerte ».
Après le comptage des voix, fait par François Jaguin et Sabine Fretey, la sentence est tombée : des élus de la majorité ont bel et bien rejoint les rangs des contestataires et ont voté contre un budget de 59,2 millions d’euros en fonctionnement et 41,7 millions en investissement. Les opposants ont applaudi. Et la conseillère Josette Philippe de lancer : « c’est une victoire dans la mesure où on évite à la Ville de Dreux une catastrophe ». Pierre-Fréderic Billet doit représenter un nouveau budget avant le 15 avril.
