1 - ETHE ET VIRTON.
À la fin de la Première Guerre mondiale, cinq rues drouaises furent débaptisées pour être renommées par le nom d’une bataille dans laquelle s’étaient illustrés les régiments casernés dans la caserne de Billy de Dreux. Faisons le tour de ces rues au nom de batailles. Ces combats sont classés par ordre chronologique.
Rue et Bataille d’ETHE ET VIRTON. Cette rue, anciennement rue des Fontaines perpétue le souvenir d’une bataille survenue le 22 août 1914 aux frontières entre la Belgique et la France, moins de trois semaines après la déclaration de Guerre de l'Allemagne à la France, les Allemands ayant traversé le royaume de Belgique sans déclaration de Guerre, le 3 août 1914. Des centaines de milliers de soldats s'alignèrent de la frontière suisse au Brabant belge, dans la chaleur de l'été. Du 20 au 24 août, la bataille des Frontières fit rage. La France en sortit perdante. Seule la bataille de la Marne, du 06 au 11 septembre permettra de mettre un terme à l'avancée allemande.
La bataille du 101° RI de Dreux. La petite ville wallonne de Virton comporte plusieurs hameaux, dont Ethe. Mais c’est surtout dans celui de Bleid que le régiment drouais va combattre.
BLEID. Le 22 août 1914. Le village est un des premiers points de contact entre l’armée allemande et l’armée française en Belgique. Des éléments de l’avant-garde de la 4e Armée du Duc de Württemberg attaquent le village tenu par le 101° R.I, mené par le commandant Laplace. Le deuxième bataillon du 101° R. I. traverse le petit village. Tout-à-coup, une fusillade nourrie provient du Nord-Ouest du village, le brouillard empêche une bonne visibilité sur l’ennemi et les compagnies du 101° R.I. refluent jusque dans le village pour organiser la défensive. L’ennemi arrive toujours de plus en plus nombreux et encercle les malheureux soldats français du 101° qui n’ont d’autre ressource que de se battre héroïquement jusqu’à la mort, subissant les salves des mitrailleuses cachées par le brouillard.
Bientôt, les survivants n’ont plus que le petit secteur du parc du château de Bleid pour résister et, vers midi, la plupart des officiers sont tués dont le chef de bataillon, le commandant Laplace. Le 2e Bataillon du 101° R.I. est anéanti. Ce combat a occasionné de grandes pertes de part et d’autre, sans véritable résultat. La 7e division a perdu 5.000 hommes tués, blessés ou disparus. Ci-contre le monument dédié au commandant Laplace du 101° RI.
Le 22 août 1914, jour le plus sanglant de la guerre. Entre l'aube et la tombée de la nuit, pas moins de 27 000 soldats français sont tués, sur la totalité du front des frontières, soit deux fois plus que du côté allemand. C'est le jour le plus sanglant de l'histoire de l'armée française, toutes guerres confondues. Des centaines de milliers d'hommes s'engagèrent sur une quinzaine de terrains majeurs : Virton, Bellefontaine, Neufchâteau, Ochamps, Bertrix, Maissin ou encore Ethe. Dans cette dernière localité, on recense aujourd'hui 2 056 tombes françaises, dans un cimetière spécifique. La plus meurtrière de ces batailles restera celle de Rossignol, village du sud-est de la Belgique, avec 7 000 morts français, contre 800 à 1 000 morts allemands.
Pourquoi, paradoxalement, cet événement tragique est-il si peu connu ? Comment expliquer une telle hécatombe ? Un commandement défaillant victime d’une mauvaise doctrine : « l’offensive à outrance, la poussée en avant » oubliant les mitrailleuses ennemies et aussi l’impréparation des troupes comme le port du pantalon rouge ?