Nous avons survolé dans les dernières chroniques les neuf bâtiments anciens drouais classés au titre des Monuments Historiques : Église St-Pierre, Beffroi, Chapelle Royale, Arsenal, Vitrines 1900, Caisse d’Épargne ancienne Mairie, ancien Hôtel Dieu, Hôtel Salviat Duhalde et Maison romane. Au moins trois bâtiments ou ensemble de bâtiments drouais viennent d’être inscrits sur une autre liste, celle du patrimoine architectural (Base Mérimée). Le titre de mes chroniques devrait indiquer douze monuments historiques au lieu de onze. Mais comme les inscriptions ne sont pas terminées, ce chiffre reste fluctuant. Deux bâtiments, construits pendant le mandat de maire (1908-1960) de Maurice Viollette, sont ainsi considérés comme faisant partie du patrimoine architectural.
Complexe sanatorial des Bas-Buissons : Inscription par arrêté du 11 avril 2022. Éléments protégés : Les façades et toitures des parties bâties de l’ancien complexe sanatorial et les parties non-bâties correspondant aux jardins et au potager. L'équipement fut réalisé et conçu par l’architecte André Sarrut. Un édifice marque l'entrée d'une composition de trois pavillons parallèles bâtis en 1932, Pasteur, Calmette, Koch, agrandis en 1936 par l'aile Villemin et le pavillon Guersant. Cet immense complexe médical pouvant recevoir mille malades de la tuberculose, fonctionna jusqu’en 1960, période à laquelle la maladie fut vaincue par de nouveaux traitements. Après plusieurs décennies d’abandon, transformé en lieu hanté, tagué, servant de jeu de paintball, d’exercices pour pompiers et la sécurité civile, ce complexe est en cours de rénovation et transformation. La société spécialisée dans les grands projets sur les Monuments historiques, « Histoire et Patrimoine », vient de lancer les travaux pour transformer le site de 40 hectares en une luxueuse résidence de 228 logements avec des extérieurs aménagés.
Groupe scolaire Ferdinand-Buisson et cité-jardin des Rochelles. Labellisés Architecture contemporaine remarquable en 2016 et 2020.
Où l’on retrouve le Maire Maurice Viollette et l’architecte André Sarrut : le maire décida, dans les années 1930, la création du quartier des Rochelles, au sud de la gare ferroviaire. Inspiré des cités-jardins réalisées en Angleterre et en Île-de-France, cet ensemble comprend un lotissement de maisons jumelées, un vaste parc public et un groupe scolaire public de six classes (trois de garçons et trois de filles). L'École Ferdinand Buisson fut érigée en 1931, par les architectes municipaux Georges Beauniée et André Sarrut.
La façade de cette école, d'une monumentalité assumée, relève du style Art déco. Si la statuaire est quasiment absente, deux plaques d'un mètre de côté rappellent par écrit la visée sociale du programme : « L'avenir des nations est à l'école des peuples » et « Pour la France et l'humanité par la justice ».
Ce groupe scolaire, que les habitants du quartier nomment « l’école blanche », fut transformé en infirmerie pendant l’Occupation allemande de 1940/44. Pour échapper à la vue des avions alliés, il fut peint en noir d’où le nom « d’école noire ». Les jeunes soldats allemands en convalescence se baignaient nus dans le bassin du square Alexandre 1er de Yougoslavie. Les mamans horrifiées faisaient rentrer vite fait leur marmaille. Mais la reproduction en bronze de la « victoire de Samothrace », malgré l’absence de tête et de bras, veille à la bonne tenue du quartier.