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Dreux (28100)

L'industrie de la chaussure à Dreux

Dreux, au tournant des XIXème et XXème siècles, était une ville réputée pour sa production de chaussures en cuir, notamment pour les militaires et les ouvriers.

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Par Manon BROUSSEAU - Le 13 novembre 2023

Avant l’apparition de cette industrie de la chaussure, Dreux ne possédait que quelques tanneries et divers ateliers de peu d’importance.

Vers 1850, un polonais, Léon Hirs Wolf, s’installa rue St-Martin. Il avait moins de trente ans. Il était marié et savait à peine lire. Il était alors qualifié de marchand de chaussons. Il recruta des ouvriers qui travaillèrent d’abord à domicile, puis il s’associa avec un ancien repris de justice qui développa dans la région le portefeuille de clientèle. Wolf sut bien mener son entreprise. Il se mit à fabriquer des chaussures et son commerce prospéra. Il s’associa, en 1864, à Louis Nicolas Liot qui finit par prendre la direction de l’usine. Celle-ci, devenue la maison « Liot et Fils » puis « Séraphin Liot et Cie », ferma ses portes en 1929.

En dehors des Ets Liot, Dreux compta en 1876 neuf fabriques de chaussures, comme la Manufacture de Chaussures de Dreux, fondée en 1898 par M. Léonard, ou la Société Anonyme des Chaussures de Dreux, créée en 1905 par M. Lefèvre.

Une des plus importantes entreprises de chaussures, avec Liot, fut sans conteste celle fondée en 1870 par deux Luxembourgeois les Frères Staar. Après un début rue d’Orisson (Rue d’Orfeuil) l’usine des chaussures Staar s’installa au 21 rue des écoles (actuellement immeuble « la Perle » rue Ernest Renan.)

Une autre fabrique fut ouverte vers 1875 rue St-Jean par le Drouais J.P Laforest, associé à son beau-frère Patry. Leur successeur, Alexis Garrouste, transféra en 1903 les ateliers rue des Caves. Après s’être consacré dans les années 20 à la confection de chaussures de caoutchouc, l’établissement dut mettre fin à son activité. Ses bâtiments furent occupés de 1963 à 2000 par les services techniques de la Ville de Dreux.

On comptait à l’origine, parmi les ouvriers en chaussures, de nombreux individus au passé douteux. Certains anciens bagnards du bagne de Brest interdits de séjour à Paris, venant par le train, s’arrêtaient à Dreux. Car au bagne, une de leur principale occupation était la fabrication de chaussons en feutre. Et cette spécialité intéressait les fabricants drouais de chaussures. Le recrutement s’améliora par la suite. Ces fabriques employèrent beaucoup de femmes (comme ma grand-tante vers 1910, employée à l’usine des chaussures Staar).  

En 1900, l’industrie de la chaussure à Dreux employait environ 800 ouvriers dont 80 % d’ouvrières, soit près de 10 % de la population active de la ville. Les conditions de travail étaient difficiles, avec des horaires longs et des salaires bas. Les ouvrières étaient souvent exposées aux maladies professionnelles, comme les affections cutanées ou respiratoires dues au contact avec le cuir, les colles ou les teintures.

L’industrie de la chaussure à Dreux connut un essor pendant la Première Guerre mondiale, grâce aux commandes de l’armée française qui avait besoin de chaussures solides et résistantes pour les soldats. La production atteignit 1,5 million de paires en 1917. Après la guerre, l’industrie de la chaussure à Dreux subit la concurrence des pays à bas coûts de production, comme l’Italie ou l’Espagne, ainsi que la crise économique des années 1930. La plupart des fabriques ont fermé leurs portes avant la Seconde Guerre mondiale.

PIERLOUIM

 

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