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Dreux (28100)

À Dreux coule la Blaise - 3 - La Blaise utile

On peut dire que la Blaise façonne la cité durocasse par sa fraîcheur et sa présence reposante. Mais ce sont surtout les Drouais qui ont transformé la Blaise à leur convenance et en fonction de leurs besoins.

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Par Manon BROUSSEAU - Le 19 septembre 2023

Les Drouais utilisèrent la Blaise pour se protéger d’armées hostiles en détournant la rivière dans des fossés défensifs. Ils s’en servirent aussi pour leurs activités quotidiennes, artisanales et commerciales. 

Les métiers utilisant la Blaise. La rue aux Tanneurs garde le souvenir des artisans travaillant le cuir au bord du ruisseau de la Commune passant alors à découvert. La rue des teinturiers témoigne de l’importance de l’industrie drapière de Dreux au Moyen-Âge. Le bras des teinturiers se détache de la vieille Blaise, derrière le stade, et se déverse depuis 1591 dans les anciens fossés à la hauteur de la porte chartraine. Avant cette date, il devait rejoindre, sous le nom d’Amourette, la Blaise « naturelle » à Boston. Le bras des teinturiers est recouvert et coule sous la dernière laverie-teinturerie du centre-ville. (L’Amourette existe toujours, actuellement détournée de la Blaise, allée Jean Ménard).

Les lavoirs. N’ayant pas de machines à laver, les anciens Drouais faisaient leur lessive directement dans la Blaise. Près de quarante lavoirs sont encore visibles le long des différents bras de la Blaise. Beaucoup de ces lavoirs, pourtant témoignages du patrimoine ancien, sont dans un piteux état. La campagne de rénovation des lavoirs, pourtant prévue, n’a pas eu lieu.

Les jardiniers. Saint-Fiacre, patron des jardiniers, est traditionnellement fêté à l’église Saint-Pierre, début septembre, car les maraîchers étaient nombreux à Dreux. En 1960, serres et légumes poussaient encore aux emplacements actuels du palais des expositions (ruisseau de la Commune) et des laboratoires Beaufour Ipsen (ruisseau des Fontaines).

La Blaise navigable. La désastreuse période des guerres dites de « cent ans » et l’occupation Anglaise, de 1521 à 1537, ruinèrent la ville de Dreux qui dut se reconstruire. Sous l’impulsion de leur Comte, Alain d’Albret, les Drouais entreprirent de grands travaux. Ils canalisèrent le ruisseau de la Commune sur quatre kilomètres pour le rendre navigable jusqu’à l’Eure à Fermaincourt. À partir de 1506, les « cabotières », bateaux à fond plat, permirent aux Drouais d’exporter vers Paris et Rouen (via l’Eure et la Seine) leurs principales productions : vins, draps, cuirs et grains. Les bateaux, en retour, rapportaient à Dreux du sel et des matériaux pour restaurer, agrandir l’église Saint-Pierre et construire le Beffroi : pierres de taille de Vernon, ardoises de Rouen et bien d’autres marchandises. Le port se trouvait à la hauteur du pont Louis-Philippe (on en devine encore l’emplacement). L’utilisation de ce canal fut, pour Dreux, une période florissante qui se termina vers 1700. 

Les moulins. La force hydraulique de la Blaise fut utilisée dès le Moyen-Âge pour faire tourner jusqu’à 16 moulins à l’intérieur et autour de la ville : moulins à moudre le blé en farine, mais aussi à foulon, pour dégraisser et assouplir les draps ou les cuirs (moulins à tan). Le lieu-dit « Foulonval » possédait plusieurs moulins à foulon.

Pendant longtemps, la Blaise recevait directement, dans son eau, des déjections diverses et variées qui la rendait odorante et d’une propreté douteuse. Heureusement, des progrès ont rendu l’eau de la Blaise plus fréquentable. De nos jours, notre petite rivière Blaise reste encore utile. Elle fait le bonheur des canards et des visiteurs de la vieille cité durocasse. 

PIERLOUIM

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