L’hôpital de Dreux a pour dénomination Hôpital Jousselin. Mais qui était Victor Jousselin ?
Né le 17 avril 1885 à Falaise-Calvados. Externe des hôpitaux de Paris, licencié en sciences, il passa sa thèse de médecine le 2 mai 1914 et s’installa la même année, rue Damars à Dreux.
Héros de la Première Guerre mondiale. Mobilisé dès le début de la Guerre 14/18 dans les chasseurs alpins, il accomplit une glorieuse campagne qui lui vaudra cinq citations. Commandant médecin courageux, n’hésitant pas à soigner les blessés sous le feu de l’ennemi, il est fait chevalier de la légion d’honneur.
Revenu à Dreux après la grande tourmente, il épousa en 1920 Hélène Rouzaud (d’une grande famille drouaise, propriétaire d’une entreprise de travaux publics). Malheureusement, madame Jousselin mourut en 1928 laissant trois jeunes enfants. Le docteur se consacra tout entier à l’éducation de ses enfants et aux soins de plus en plus prenants de sa nombreuse patientèle.
Médecin-chef de la maternité de l’hôpital de Dreux (l’ancien, rue Saint-Denis), spécialiste des accouchements. La maternité avait alors son entrée boulevard Louis Terrier, à la hauteur de l’actuel « un toit pour toi ». Il habitait de l’autre côté du boulevard, dans la rue qui porte son nom, il était alors joignable à tout moment pour une nouvelle naissance. Il participa à la venue au monde de plus de 6000 petits Drouais. Son humanité et son dévouement étaient proverbiaux : il ne faisait pas payer ses consultations. Ce qui lui vaudra le surnom de « Médecin des pauvres ». Travailleur acharné, il était toujours sur la brèche, de nuit comme de jour. C’est d’ailleurs au retour d’une visite à domicile qu’il termina sa belle carrière.
Sous l’occupation allemande (1940-1944) le docteur Jousselin délivra des dizaines de certificats de complaisance pour éviter à de jeunes drouais de partir en Allemagne pour le travail obligatoire. Il en fut même inquiété par la Feldgendarmerie.
Le docteur Jousselin, à partir de 1947, fut conseiller municipal auprès du maire Maurice Viollette.
La mort accidentelle. Le jeudi 7 décembre 1950 vers 21 heures, revenant d’une auscultation à Mézières, le docteur fut victime d’un accident dans la côte dite de Montdrouard, à Luray. Sa Simca 8, ripant sur une plaque de verglas, se renversa. La tête du docteur heurta la carrosserie (il n’y avait pas de ceinture de sécurité à cette époque). Sorti apparemment indemne du véhicule, il demanda à un témoin de l’accident de faire venir son garagiste. Quand ce dernier arriva sur le lieu de l’accident, il trouva le docteur Jousselin inanimé. Porté à l’hôpital, le chirurgien Tostivin essaya de le ranimer. Transporté alors d’urgence dans une clinique parisienne, une opération au cerveau très délicate fut tentée, en vain. Toujours dans le coma, il fut ramené chez lui, boulevard Louis Terrier, où il mourut trois jours après son accident, à 65 ans. Il est mort comme certainement il le souhaitait, dans le simple exercice de son devoir quotidien. Ce fut un choc douloureux dans la ville de Dreux, le docteur Jousselin étant très apprécié et aimé par la population riche ou pauvre de Dreux. Une semaine avant l’accident du docteur Jousselin, presque au même endroit, le docteur Du Sorbier avait été victime d’un dérapage qui n’eut pas de graves conséquences.
La rue actuelle du Docteur Jousselin, située entre la rue Saint-Martin et le boulevard Louis Terrier, portait avant 1950 le nom d’Alexandre Marquis, médecin botaniste. C’est la petite rue Métezeau, entre la place Métezeau et la rue Doguereau, qui reprit le nom de Marquis.
L’hôpital de Dreux, inauguré en 1973, porte le nom de Victor Jousselin.