Vers une définition d’une expression intraduisible.
Ce terme trouve sa source dans un contexte historique très particulier entre la fin des années cinquante et le début des années soixante. Ces années correspondent au fameux « boom économique » que connait l’Italie d’après-guerre. L’envie de vivre et de profiter de la beauté des choses et de se divertir prend un essor considérable surtout dans la capitale, Rome, une des plus belles villes du monde. Cet état d’esprit prend une forme différente selon le rang social mais l’amour pour la vie et ses plaisirs, petits ou grands, réunit tous les épicuriens. À Rome, c’est via Veneto que les riches italiens goûtent à la Dolce Vita, dans les hôtels les plus luxueux de la capitale, dans les bars branchés comme le Caffè Strega ou le Café de Paris, devenu cœur et symbole de cet état d’esprit. Ils sont fréquentés par les grands artistes et les intellectuels de l’époque comme Federico Fellini ou Frank Sinatra, Sofia Loren ou Marcello Mastroianni, ou encore les Kennedy, ouverts jusqu’à l’aube et donnant à l’expression l’évocation d’un style de vie insouciant et dédié aux plaisirs mondains, « quand la culture se retrouvait sur la place pour contempler et absorber les vibrations de cette époque qui devenait l’Histoire ». C’est une effervescence culturelle et artistique qui va donner sens à l’expression.
La Dolce Vita et le cinéma.
L’expression Dolce Vita fait évidemment référence au film du grand réalisateur de la même époque, Federico Fellini. Dans cette période de prospérité économique et culturelle, les studios de cinéma Cinecittà, situés en périphérie de Rome, deviennent un important centre de production cinématographique qui attire producteurs, réalisateurs et acteurs mais également artistes en devenir et intellectuels à la recherche du succès. Voici ce que représente la Dolce Vita : un phénomène social qui a inspiré le chef-d’œuvre de Federico Fellini, sorti en 1959. À l’époque, le film n’est pas très bien accueilli, surtout par l’Église, il remporte pourtant la Palme d’Or à Cannes l’année suivante. Il devient par la suite un des films les plus célèbres du cinéma. Il représente l’image d’une Italie iconique, un film définit par Fellini lui-même comme « une fresque humaine » où le beau se mêle à la complexité de l’homme à la recherche de son destin, montrant ses contradictions, ses vices et ses vertus ainsi que celles de la société de son époque. Un film complexe, aux sens multiples et énigmatique où Rome devient un véritable personnage à part entière, tentaculaire, un film à contre-courant du néoréalisme mais qui a donné naissance à un état d’esprit qui caractérise encore aujourd’hui une certaine vision de l’Italie.
Comment vivre la Dolce Vita aujourd’hui ?
L’expression évoque une série d’images à l’italienne, un patchwork mêlant art, culture, style de vie et gastronomie. En effet, qui a déjà parcouru les rues des villes italiennes a forcément été avant tout séduit par l’omniprésence de la cuisine, des aliments simples et frais qui régalent n’importe quel touriste encore sceptique. La Dolce Vita est une attitude qui célèbre le plaisir des sens, l’élégance et le style italien, l’amour pour le beau, la tradition et la culture de la nourriture. Si la Dolce Vita des années soixante appartient à une époque révolue, il est encore possible de revivre cette magie. Une façon de goûter à la Dolce Vita est de se laisser porter par l’atmosphère des villes italiennes, de s’assoir à la terrasse d’un café et de savourer un caffè macchiato* en écoutant les discussions animées des locaux, découvrir une petite place cachée, de s’acheter une pizza al taglio* et de la déguster en profitant de la fraîcheur d’une fontaine. Parcourir les marchés, dénicher une affiche de Vacanze Romane ou de La Dolce Vita, flâner en perdant la notion du temps dans le parc de Villa Borghese ou entre les ruines du Forum romain puis se rendre Campo de’ Fiori à l’heure de l’aperitivo* et capter cette douceur de vivre, au moins pour quelques jours. Ces suggestions sont déclinables à toutes les villes italiennes bien sûr ; le plus difficile sera d'en revenir !