Les quatre années de la guerre 1914-1918 ont correspondu approximativement à une cession de la vie politique : Un seul président de la République : Raymond Poincaré, président de 1913 à 1919. Une cession législative : les députés de la chambre des députés ont été élus le 10 mai 1914 pour cinq ans, soit jusqu’en mai 1919. Une cession du sénat : renouvellement par tiers. Une cession des mandats de conseillers généraux et départementaux. Et aussi celle du mandat des maires et de leur conseil municipal de 1913 à 1919.
C’est pourquoi l’année 1919 et le début de 1920 firent l’objet d’une cascade d’élections en France comme à Dreux.
D’abord ce fut la signature du traité de Versailles, le 28 juin 1919 marquant la fin des hostilités de cette Première Guerre mondiale.
Les élections législatives, le 16 novembre 1919, virent le triomphe du bloc national. La Chambre des députés est dénommée la « Chambre introuvable » ou la chambre « bleu horizon » en raison du nombre important de députés anciens combattants : Maurice Viollette perd son siège de député au profit de François Charles Abel de Durand, connu sous le nom de Durand-Bechet. Maurice Viollette l’avait battu lors des dernières élections de 1914. Ne s’étant pas rallié au bloc national, il ne fut pas reconduit. (Le Bloc national était le nom donné à deux coalitions formées par divers partis de droite en France). Maurice Viollette retrouva son siège de député en 1924. Il redevint donc député maire.
Les élections municipales, le 30 novembre 1919, après ballotage le 7 décembre. La municipalité drouaise conduite par Maurice Viollette fut réélue.
Les élections départementales. Conseil général le 14 novembre 1919 : Maurice Viollette conserva son siège de conseiller général.
Les élections partielles du sénat, le 11 janvier 1920. Maurice Viollette ne s’y présenta pas, malgré la pression de certains de ses amis en politique (vous remarquerez que le cumul des mandats était une pratique très courante à cette époque).
Élection du président de la République, le 17 janvier 1920. La nouvelle chambre et le sénat renouvelé vont se réunir pour élire le nouveau Président de la république en remplacement de Raymond Poincaré arrivé en fin de mandat. Initialement réticent à se porter candidat, Georges Clemenceau, président du Conseil depuis 1917 et considéré comme le « Père la Victoire » de la Grande Guerre, est donné favori du scrutin dans la lignée de la victoire du bloc national. Mais il se retire après le vote préparatoire des républicains du 16 janvier, ayant été devancé par Paul Deschanel. Seul candidat, Paul Deschanel est élu le lendemain avec le plus grand nombre de voix jamais obtenu sous la Troisième République. Il exercera cette fonction pendant sept mois, son état de santé le conduisant à démissionner. Paul Deschanel fit une chute de train nocturne, le 23 mai 1920, à proximité de Montargis, après avoir ouvert la fenêtre de sa voiture. Cet accident s’expliquera notamment par le mode d'ouverture des fenêtres à guillotine, et la prise d'un hypnotique par le chef de l’État qui était alors victime de crises d’anxiété et du syndrome d'Elpénor. Si Paul Deschanel ne fut que légèrement blessé en raison de la faible allure du convoi, l’événement donnera lieu à de nombreuses caricatures. Une nouvelle élection présidentielle, le 23 septembre 1920, portera à la présidence Alexandre Millerand.
Note : Paul Deschanel fut sous-préfet de Dreux de décembre 1877 à avril 1879, puis député d’Eure-et-Loir de 1885 à 1920 (Arrondissement de Dreux puis de Nogent-le-Rotrou).