Devant cette question, Pierre Fourbet a recherché dans sa mémoire et n’a pas répondu tout de suite à son petit-fils, mais cela lui a donné l’idée de retranscrire ses mémoires. Écrire au sujet de cette période où il avait 9 ans, pendant la Seconde Guerre mondiale. Pierre Fourbet est né en 1930 et il vient de terminer ses mémoires, qu’il a ensuite distribuées à l’ensemble de sa famille. Une réponse pour son petit-fils, mais pas que.
À l’époque, Pierre Fourbet habitait déjà à Lormaye dans la maison familiale avec sa mère et son père. Ce dernier, qui travaillait à la RATP (à l’époque c’était la STCRP), comme chauffeur de bus, avait été réquisitionné pour transporter les civils de Paris jusque dans le Tarn. Il y est resté plusieurs mois.
Durant toute la guerre, Pierre Fourbet a vécu à Lormaye. Le garde champêtre de l’époque annonçait les informations et les classes pour la mobilisation générale.
Il se rappelle l’exode des gens du Nord qui passaient par Lormaye avec des charrettes chargées de matelas et autres objets, tirées par des bœufs, pour rejoindre dès lieu plus sûrs.
Il a vécu des périodes difficiles, avec des bombardements, la création d’un faux terrain d’aviation, entre Nogent-le-Roi et Vacheresses. Il a vécu le rationnement alimentaire de la population avec des tickets et le couvre-feu de 21h à 6h.
En 1943, ayant son certificat d’études, il entra au collège Rotrou à Dreux pour y préparer un CAP. Il partait le lundi matin à bicyclette et rentrait le samedi à Lormaye. La semaine, il logeait chez un ancien instituteur dans un pavillon à étage rue Frémanger, dans le quartier des Rochelles. Le 17 juin 1943, lors d’un raid aérien sur la gare de Dreux, une bombe est tombée sur un pavillon, dont toute la famille fut tuée cette nuit-là. À Maintenon, le viaduc avait été bombardé. Il fut ensuite réparé en partie. Le gazomètre qui se trouvait à proximité de la gare fut touché et explosa.
En août 1944, les Américains arrivèrent à Nogent-le-Roi et pendant plus de 48h, les convois de chars et camions se dirigèrent vers Paris, en lançant à la population venue les acclamer cigarettes, chewing-gum et chocolat. Le 7 septembre 1945, l’armée allemande capitulait à Reims. Pierre Fourbet se souvient alors que plusieurs mois avaient été nécessaires pour revenir à la vie normale.
Des mémoires qui ont permis à Pierre Fourbet de transmettre son histoire et celle de la France. Une trace du passé.