« L’aviation à Issy-les-Moulineaux : Latham partant sur son Monoplan Antoinette pour dîner chez sa mère à Dreux ». Mais qui était donc ce « merveilleux fou volant dans sa drôle de machine » ?
Hubert LATHAM, né à Paris le 10 janvier 1883, est issu d'une famille aisée d'armateurs havrais qui lui a permis de parfaire son éducation en Angleterre. Il est le fils de Lionel Latham, propriétaire du château de Maillebois près de Dreux. Le jeune Hubert est sportif, flegmatique, a un sens de l'humour très britannique et a soif d'aventure. À l'occasion de compétitions de canots automobiles à Monaco, il rencontre l'ingénieur Léon Levavasseur, qui a conçu et fabriqué le moteur « Antoinette » et qui s'intéresse à l'aviation. La « Société des avions et moteurs Antoinette » est fondée à Puteaux en 1904, par Léon Levavasseur, Jules Gastambide, et Louis Blériot et nommée « Antoinette », d'après le prénom de la fille de Gastambide.
Latham apprend à piloter, entre au conseil d'administration de la société et devient le pilote de la marque. En 1909, il s'inscrit pour le prix du Daily Mail, créé par le quotidien britannique pour récompenser le premier aviateur qui réussira la traversée de la Manche sur un aéroplane. Latham choisit comme point de décollage la falaise du cap Blanc-Nez et comme lieu d'atterrissage une plage à l'ouest de Douvres. Le 19 juillet, Latham décolle à bord de son monoplan Antoinette IV, s'élève à 100 mètres environ, prend la direction de l'Angleterre, dépasse le contre-torpilleur Harpon (en mer pour assurer les secours éventuels), mais son moteur s'arrête. L'Antoinette IV descend en vol plané, bien contrôlé par son pilote, et se pose sur la mer, sans sombrer. Le Harpon découvrira Latham sur le fuselage, fumant tranquillement une cigarette. Latham décide de recommencer.
Mais, le 25 juillet, Louis Blériot réussit la traversée de la Manche et remporte le prix du Daily Mail. Latham tente une nouvelle traversée, mais, à quelques kilomètres de la côte anglaise, à nouveau son moteur lâche. L'amerrissage est un peu brutal et Latham, légèrement blessé, renonce à toute nouvelle tentative.
Il participera ensuite à de nombreux meetings en se classant toujours parmi les meilleurs avec son monoplan Antoinette. À Reims en juillet 1910, il s'adjuge le record du monde de la hauteur avec 1384 mètres.
Une voyante lui aurait prédit qu’il mourrait d’une façon accidentelle. Un pilote intrépide comme lui ne pouvait trouver la mort qu’au commande d’une de ses « Antoinette ».
Eh bien non ! En 1911, après le dépôt de bilan de la société, n’ayant pu recevoir commande par l’armée d’avions jugés trop lourds et sous-motorisés, Latham se détourne de l’aviation. Il s’adonne à la chasse en Afrique, son autre grande passion. En juin 1912, lors d’un safari le long du fleuve Chari (au Tchad), il blesse un buffle par balle. Il est alors chargé par l’animal, encorné et piétiné à mort. La voyante avait raison, sa mort, à 29 ans, mit fin à une légende des ailes françaises.
*Si la carte postale indique que Latham va diner chez sa mère à Dreux, en réalité c’est sur la pelouse du château familial de Maillebois qu’il va atterrir.
P.S : J’ai trouvé sur un menu de restaurant une image représentant en couleur un aéroplane de l’époque de Latham avant 1910. Il y est écrit : « Santos Dumont. Versailles aller et retour par Dreux ». Je n’ai rien trouvé sur ce vol. Un autre fou volant au-dessus de Dreux ?
PIERLOUIM
