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Dreux (28100)

Mutilés de guerre

Retour des dépouilles des champs de Bataille

Loterie nationale les yeux qui s'éteignent. - © Droits réservés
Par Manon BROUSSEAU - Le 03 février 2025

Retour des dépouilles des champs de Bataille

La Première Guerre mondiale, en 4 ans de conflit, fit de nombreuses victimes françaises, environ 1 700 000 morts (dont 3 000 civils) pour une population de 39 600 000 habitants et plus de 4 300 000 blessés, aves des blessures plus ou moins graves.

Le retour des soldats drouais dans leur famille sera aussi celui de nombreux mutilés à soigner et à réinsérer dans la vie civile. Une vie différente à reconstruire auprès des siens, mais aussi une vie sociale et professionnelle.

Plusieurs catégories de blessés de guerre :

- Les soldats mutilés, amputés de membres. Des progrès énormes ont été réalisés pendant cette guerre pour rendre aux soldats une certaine indépendance : voiturettes, prothèses de toute sorte… En 1914, quand un soldat était blessé au genou, il était perdu. Il restait des heures sur le champ de bataille et finissait par mourir. En 1915, la multiplication du nombre de brancardiers permettait d'évacuer le blessé et de le sauver. Mais il fallait l’amputer. En 1916, on parvint à sauver l'homme et sa jambe, même s’il devait marcher à l'aide d'une canne toute sa vie. Enfin, en 1918, on put sauver l'homme et sa jambe et lui rendre sa mobilité. 

- Les soldats devenus aveugles par éclats d’obus ou utilisation de gaz de combat.

- Les artilleurs devenus sourds par le fracas des canonnades.

- Les blessés de la face, les « Gueules cassées ».

Des associations se créèrent pour venir en aide aux blessés de guerre. La Loterie nationale émettra des tirages au profit de ces associations jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. 

- Les traumatisés. Catégorie longtemps méprisée par l’armée et considérée comme celle des affabulateurs et des lâches pour se faire réformer. Canons, obus et présence des cadavres ont traumatisé nombre de militaires comme le « vent du boulet » de l’époque napoléonienne. Dans les hôpitaux français, dont ceux de Dreux, un lit sur 7 était attribué aux victimes psychiques. Les médecins ne savaient pas comment nommer les pathologies observées comme « choc émotionnel » ou « obusite ». C’est le terme anglais « shell shock » qui sera à la base d’une nouvelle branche de soins hospitaliers.

- Les malades ayant des problèmes pulmonaires liés à l’inhalation de gaz de combat, et aussi de nombreuses maladies infectieuses, comme la grippe dite « espagnole », contractées dans les tranchées par manque d’hygiène.

Les soldats morts dans les ambulances drouaises : Le carré « militaire », dans le cimetière ancien de Dreux et entretenu par le « souvenir Français », renferme les dépouilles des soldats décédés dans les hôpitaux drouais. Ces soldats, transférés à Dreux, provenaient des différents régiments et des différents champs de bataille. Les ambulances drouaises étaient réputées pour l’excellence des soins. Le carré militaire 14/18 comporte 91 tombes dont 21 du 101° régiment d’Infanterie et 6 du 29° régiment territorial, deux régiments basés à Dreux. 

Les réinhumations. Dès la fin de la guerre, des familles voulurent faire revenir, dans le caveau familial, la dépouille de leur soldat inhumé dans un cimetière militaire près des lieux de combat. Mais ce fut pour les familles un vrai parcours du combattant car l’armée était très réticente aux transports des cadavres des soldats, du lieu de leur inhumation « militaire » à celui de leur enterrement « Civil ». Cela se faisait de nuit et dans le secret. Tous les frais étant à la charge de la famille. Dans le cimetière de Dreux, un certain nombre de tombes de soldats drouais « réinhumés » sont visibles près du carré militaire. Mais beaucoup sont revenus dans le caveau familial de manière anonyme. 

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