« Voici 500 ans que l’église Saint-Pierre fut dotée de cette entrée magnifique, 50 ans après le début de la campagne de reconstruction, après les dommages considérables causés par le pilonnage pendant six semaines des armées anglaises durant le siège de 1421 », explique Charles Jobert, historien local et vice-président de l’association Les Amis de l’église Saint-Pierre de Dreux. Il suffit de pousser la porte de l’entrée latérale située à gauche de la façade pour en avoir la preuve. Scellée dans le mur, une tablette de pierre l’atteste. Elle porte l’inscription en vers et en français suivante : « pour décorer ce temple déifique, lui fut construit pour entrée magnifique, ce beau portail, l’an mil cinq cent vingt-quatre et ces deux tours où sonner on s’applique pour convoquer chacun bon catholique A Dieu servir et l’ennemi combattre ».
La reconstruction commence en 1474, un phylactère gravé sur un pilier près du chœur l’indique. Une reconstruction progressive. Tout ce qui a pu être conservé l’a été ; comme les voutes du chœur du XIIIe siècle. L’église a été agrandie par l’ajout de deux travées vers l’ouest, à la fin du XVe siècle, avant de créer un mur de façade. Pour achever l’église, dont les travaux de reconstruction se sont terminés fin du XVIe siècle début XVIIe, « la façade a dû être construite entre 1516 et 1524. On confia au maître maçon Jean Des Moulins le soin de clore l’édifice, par la construction de la façade ouest avec le concours de l’architecte Clément I Métézeau. Tous les deux ont pareillement travaillé à la construction du Beffroi », rappelle Charles Jobert.
Une chose est sûre, c’est que le portail du jugement dernier se trouve généralement à l’ouest dans la plupart des cathédrales, or là, il se trouve au nord. Cela veut-il dire qu’il n’y avait alors pas de façade ? On ne sait pas trop. La façade nord qui se trouve rue de Sénarmont est très ancienne. Elle date du fin XIIe-début XIIIe, c’est la partie la plus ancienne de l’église. Elle est contemporaine de la cathédrale de Chartres. Le conférencier rassure le non averti, l’église Saint-Pierre est entière, et si l’on s’interroge sur le fait qu’il manque une tour ? « C’est chose commune dans le cas de nombreuses cathédrales, c’est un détail », répond Charles Jobert.