C'est un projet de fabrication d’un substitut nicotinique qui aide à arrêter de fumer. C’est une cigarette électronique avec un statut de médicament qui pourrait être fabriquée chez Sophartex à Vernouillet.
« Le produit a été créé par la Med Tech Dal Lab, fondée par Alexandre Lenormand, David Martin-Diaz et Léon Chen. Ces entrepreneurs sont issus du domaine de l’e-cigarette. Une première levée de fonds d’un million d’euros a été réalisée en 2019 pour lancer le développement pharmaceutique du produit. La fabrication de médicaments n’est pas leur métier, il leur fallait un partenaire susceptible d’adapter leur connaissance de la fabrication du produit à notre domaine », explique Edouard Loiseau, directeur général de Synerlab Sophartex. Selon lui, ce nouveau produit a pour but « de mettre à disposition des professionnels un outil standardisé avec une nicotine de qualité pharmaceutique et un mode d’administration qui est un dispositif médical certifié ». Sophartex a commencé sa collaboration avec Dal Lab en 2020 pour la fabrication. « Nous sommes partenaires dans ce projet. Nous mettons à leur disposition des ressources et l’engagement de Dal Lab est de fabriquer chez nous. Si ce projet va à son terme, le potentiel du marché pourrait nous permettre de doubler notre chiffre d’affaires en 5 ans. C’est un projet transformant pour Sophartex car nous devrons fabriquer un produit qui n’existe pas encore dans notre panel et sur de nouvelles installations ».
Sophartex possède la surface nécessaire au projet. « Nous allons recevoir la machine pilote au mois de mai. C’est un beau projet qui, à terme, pourrait générer la création de 180 emplois pour 9 à 10 millions d’euros d’investissement », assure Edouard Loiseau. Reste à obtenir l’agrément des autorités de santé pour le produit et sa fabrication sur le site ce qui peut encore prendre entre 3 et 4 ans.
Ce projet tombe à pic pour Sophartex qui avait perdu 20 % d’activité en 2020 et 2021 à cause de la crise sanitaire. Certains marchés, comme celui de la diarrhée, le rhume et les infections ORL, avaient disparu, surtout en 2020 à cause du port du masque et le lavage fréquent des mains. La reprise a été accompagnée d’une hausse des commandes qui s’est traduite par un manque des matières premières et des composants. « L’exemple type est celui du transport maritime qui avait baissé de 25 % ses capacités pendant le Covid mais qui est dans l’incapacité, du jour au lendemain, de les remettre en service. Les prix ont monté, néanmoins jusqu’à il y a une quinzaine de jours des solutions avaient été trouvées. Malheureusement, la guerre en Ukraine fait tomber de nouvelles contraintes dont on ne mesure pas encore les conséquences. Nous exportons 10 % de notre chiffre d’affaires auprès de clients opérant sur le marché Russe et utilisons des excipients à base de céréales (amidon, cellulose…), dont le prix et la disponibilité seront forcément impactés... »
Philosophe, le dirigeant pense qu’il faut savoir s’adapter car cette instabilité change la priorité des clients qui regardent moins le coût de revient mais davantage la fiabilité des livraisons. « Le travail réalisé depuis plus de deux ans avec le personnel prend tout son sens, car nous avons amélioré le service clients qui nous permet d’être perçus comme un fournisseur fiable et agile. Nos clients historiques sont restés en acceptant des hausses de prix, d’autres ont accepté d’investir de façon partagée dans des machines. Nous sommes en train de capter de nouveaux clients », assure le directeur général. Selon lui, Sophartex serait en passe de valider l’arrivée de volumes importants sur un seul produit pour un laboratoire du top 30 mondial. « Pour nous, c’est un produit phare qui se déclinera en sachets, notre cœur de métier. Par ailleurs nous avons capté l’an dernier, un client spécialisé dans les vitamines et les minéraux sur les marchés nordiques, avec un volume important de près de 2 millions d’euros (5 % de notre CA annuel) ».