La chèvrerie du Bois-des-Louvières à Marsauceux compte près de 200 animaux dont 150 chèvres laitières. Un élevage en pleine mutation qui a permis à Laure Milhiet, éleveuse-fromagère, de remporter deux nouvelles médailles d’or au Salon de l’Agriculture 2022.
Laure Milhiet a repris la chèvrerie de sa maman, il y a dix ans. L’entreprise a été créée, il y a 43 ans, par ses parents. Elle y développe son élevage et la confection de ses fromages avec l’aide de son conjoint et chef d’élevage Romain Debrabant. « Nous sommes en train de changer notre méthode d’alimentation : nous cultivions essentiellement de la luzerne que nous donnions fraîche aux chèvres avec un complément de foin séché toute l’année. Depuis l’an dernier, on a introduit une période où elles sont nourries à 100 % frais comme si elles étaient en pâturage pendant quatre mois », explique Laure Milhiet. Une idée salvatrice est née.
« Le fait de cultiver moins de foin a dégagé des surfaces de culture. J’y cultive de l’orge pour nos chèvres au lieu d’en acheter », explique Romain Debrabant. « Le prix de l’alimentation devient inabordable : l’an dernier, le maïs était à 130 € la tonne puis avoisinait les 180 €. Cette année, il est à 350 € la tonne. Nous aurions aimé pouvoir acheter local mais c’est impossible. Nous sommes tributaires des cours mondiaux des céréales et des spéculations. C’est illogique », regrettent les éleveurs. « Notre objectif est d’être à 90 % autonomes en alimentation, dès l’an prochain. Nos cultures sont bio et nous travaillons dans le respect de l’animal », précise l’éleveur.
En ce mois d’avril à la chèvrerie, les mises bas sont en cours, plus d’une centaine de chevreaux sont nés. « Pour le bien-être animal, nous respectons, depuis trois ans, que des chèvres n’aient pas de chevreau tous les ans pour avoir une bonne lactation. Nous sommes en train de raisonner les naissances. Les chevreaux ne sont pas des sous-produits, il y a des gens qui en consomme, mais l’heure est plutôt à la réduction de consommation de viande », remarque Laure Milhiet.
La fromagère produit une quinzaine de sortes de fromages. Elle vient d’obtenir deux médailles d’or pour son Sainte-Maure et son fromage blanc, les mêmes qu’elle avait obtenues en 2020 à la veille du premier confinement. « Nous travaillons sur la création d’un nouveau fromage à pâte pressée », confie la fromagère qui emploie quatre salariés plus un alternant. « Pendant 10 ans d’existence, les choses n'ont pas toujours été faciles mais nous sommes toujours là et d’ici deux ans nous allons pouvoir entamer des rénovations des locaux ».