Après le 11 novembre 1918 et la cessation des hostilités, la démobilisation s’effectue lentement, classe par classe, en commençant par la classe 1890 au rythme des renouvellements de l’armistice (tous les 3 mois). Certains députés auraient préféré que cette démobilisation privilégie en premier lieu certaines professions comme les agriculteurs (encore nombreux dans le canton de Dreux) mais le gouvernement tint bon, en tenant uniquement compte de l’âge des libérables.
C’est pourquoi certains professionnels drouais partis au front vont faire part de leur retour par voie de presse (comme l’Action Républicaine) tout au long des premiers mois de 1919.
Notamment les médecins. Les médecins âgés non mobilisables, tout comme les étudiants qui exerçaient aux hôpitaux militaires auxiliaires de Dreux, retournèrent chez eux ou à leurs études. Les médecins drouais, affectés dans des ambulances de campagne, revinrent dans leur cabinet médical au rythme de leur démobilisation.
Le docteur Gautier, qui assurait le service médical au dépôt du 101° d’infanterie à la caserne de Billy, s’installa provisoirement en Grande Rue en attendant son installation définitive, 30 rue d’Orisson (Rue d’Orfeuil). Il y sera encore jusqu’au début des années 1950.
Le Docteur Moufflet, récemment démobilisé, eut l’honneur d’informer les habitants de Dreux et des environs qu’il ouvrait un cabinet médical, 15 boulevard Dubois, où il se tiendrait à leur disposition.
Victor Jousselin, né en 1885 à Nogent-le-Rotrou et installé à Dreux depuis 1914, Commandant médecin, croix de guerre et Chevalier de la Légion d’honneur avec 5 citations à l’ordre de l’armée, revint à Dreux en se spécialisant dans les accouchements à la maternité de l’hôpital de la rue St-Denis. L’hôpital actuel de Dreux porte le nom de Victor Jousselin.
Et toute profession libérale : Monsieur Ménard, Professeur de danse, escrime et culture physique, reprendra ses cours dès sa démobilisation prochaine.
Monsieur George Beauniée, architecte à Dreux, eut l’honneur d’informer Messieurs les maires des communes ainsi que sa clientèle, de la réouverture de son Cabinet à dater de ce jour. (Expertises et vérifications de mémoire de travaux). Georges Beauniée était aussi l’architecte de la ville de Dreux ayant conclu notamment, en 1911, la salle des fêtes devenue le théâtre.
Madame Lemaire, dentiste rue St-Denis et Monsieur Joseph Lemaire, Chirurgien-dentiste, eurent l’honneur d’informer leur clientèle de leur collaboration, à partir du 25 août 1919, avec M. Gaston Lemaire, chirurgien-dentiste, diplômé de la faculté de médecine et dentaire de Paris. Également Docteur en chirurgie dentaire de l’université de Pennsylvanie (USA), spécialiste de tous travaux dentaires sur métaux précieux. Consultations tous les jours au 2, rue du grenier à Sel. Un véritable retour du fiston prodige d’Amérique, en passant par les tranchées.
Les instituteurs de l’école Godeau, remplacés pendant la guerre par des instituteurs retraités, revinrent devant les tableaux noirs. Pas tous, car les enseignants firent partie des corps de métier les plus touchés par les combats.
Les agriculteurs regagnèrent leurs champs, relayant leurs femmes courageuses qui avaient repris, pendant leur absence, le manche de la charrue. Les prisonniers allemands, travaillant dans les fermes, partirent dans les régions sinistrées du Nord pour la reconstruction.
Pour finir cette longue liste non exhaustive : lors d’un gala de bienfaisance se tenant le 22 janvier 1919, l’orchestre de la Lyre Druidique se produisit malgré l’absence de nombreux instrumentistes disparus ou non encore démobilisés.
