En quelques mots...
CÉDRIC ORAIN | LA TRAVERSÉE
Ils ont vécu seuls, loin de tout, loin du monde des hommes et ils y sont brusquement confrontés. Victor dans l’Aveyron et Kaspar à Nuremberg. Deux destinées voisines, deux enfants sauvages, surgis on ne sait d’où dans les siècles passés. Deux êtres qui interrogent et interpellent et c’est bien sûr notre regard à l’autre qui est ici mis à nu.
Un acrobate sera les deux enfants réunis en un seul. Dans son silence et ses postures improbables, il fait naître le malaise et le doute. Médecins, enseignants, policiers, femmes et hommes de l’ordre et du savoir sont soudain face à l’inconnu, à l’étrange. Une comédienne et un comédien interprètent, tour à tour, ceux qui tentent de le mettre dans ce qu’ils pensent être le droit chemin.
Ainsi après le roman, le cinéma avec François Truffaut et Werner Herzog ou la poésie avec Verlaine, c’est au théâtre que Cédric Orain convoque ce miroir de l’étrange qui dérange, cette énigme humaine qui soudain bouscule nos habitudes, désole nos certitudes.
« Je suis venu, calme orphelin / riche de mes seuls yeux tranquilles / vers le monde des grandes villes / ils ne m’ont pas trouvé malin... Suis-je né trop tôt ou trop tard ? / Qu’est-ce que je fais en ce monde ? / Ô vous tous, ma peine est profonde / Priez pour le pauvre Gaspard ! » Paul Verlaine