En quelques mots...
NICOLAS PETISOFF & DENIS MALARD | 114 CIE
Symbolisé par l’arc-en-ciel, juin est le mois des fiertés*. Un mois pour célébrer tout individu, quel que soit son genre, son orientation sexuelle ou ses origines. Un mois emblème de la poursuite de l’égalité et de la justice pour tous.tes. À l’heure où la haine et le harcèlement ont encore récemment conduit un jeune adolescent homosexuel à commettre l’irréparable, où les actes homophobes et transphobes redoublent de violence et se démultiplient, nous vous offrons de découvrir ces deux spectacles.
L’un, Pink Machine explore notre relation affective aux icônes féminines dans la culture pop sous la forme d’un cabaret.
L’autre interroge : Comment aimer quand l’amour se pique d’insultes pour être qualifié ? *À New-York, le 28 juin 1969 un raid de la police dans le club gay du Stonewall In provoqua plusieurs jours de manifestations. L’année suivante, naissait à New-York la première marche des fiertés commémorant le premier anniversaire des émeutes. Un jour qui changera à jamais la lutte pour les libertés et contre l’oppression.
COMMENT AVOUER SON AMOUR QUAND ON NE SAIT PAS LE MOT POUR LE DIRE ?
Sur scène, des chaises de collectivité orange, disposées en demi- cercle. Parmi la quinzaine de personnes qui y prendront place, il y a Less, Manu et Nico. Derrière eux, un écran sur lequel défile une galerie de portraits, puis, une caméra sur le plateau joue du gros plan sur les artistes, révélant les traits... Regard blessant, touchant, intrusif, agressif. Tout le propos est là, dans ce regard de l’autre, dans les mots jetés, dans les mots tus.
Dans la note d’intention de leur spectacle, les deux ventricules du cœur de la 114 Cie ont dressé une liste de 18 lignes et plus de 100 insultes. « Pédé.e », « pédale », « gouine », « tarlouze »... la liste des substantifs est longue. Ils sont accompagnés d’adjectifs complaisants, aggravants, « sale », « petit.e », « gros.se ». Des mots souvent banalisés, déviés, balancés à tord, bien sûr, et surtout à travers. Des mots reçus en pleine tête, en plein cœur par les trois témoins de la pièce. Nico, « le petit gars de province amoureux de ses potes », Manu, « la lesbienne tête brûlée », et Less, « la Lolita qui choisit les bras de femmes mûres ». Toustes en bombers. Toustes fans de Smalltown Boy. Toustes concernés par la fuite du jeune garçon du clip interprété par Jimmy Somerville.
Après Parpaing présenté la saison dernière au Tangram, ce deuxième volet d’une trilogie en projet creuse la trace de la faille intime, du regard et des mots qui excluent. Le spectacle est nourri de rencontres, d’échanges d’expériences, d’enquêtes et de recherches. Il en résulte des vérités partagées. À bon entendeur.se...